Amsterdam : le EYE Film Institute
Si, en arrivant à Amsterdam par le train, vous apercevez au loin une énigmatique et gigantesque sculpture blanche, vous ne rêvez pas : vous venez de découvrir le EYE Film Institute. Ce n'est pas le seul bâtiment de la ville à afficher une audacieuse modernité mais c'est certainement un des plus spectaculaires. Hélène et Julien, architectes mais aussi bricoleurs de génie et auteurs du blog "Heju", nous proposent en exclusivité une visite guidée de cet incroyable lieu.
The Eye
Situé en face de la gare centrale d'Amsterdam, au bord du fleuve IJ, le EYE Film Institute est le musée du Cinéma d'Amsterdam inauguré en avril 2012. Imaginé par l'agence d'architectes viennois Delugan Meissl, il attire tous les regards. Encadré par une grande tour des années 1960 et un petit ensemble résidentiel flambant neuf, le EYE est devenu la nouvelle icône de l'expansion d'Amsterdam. Mais il ne faut pas s'y méprendre, il est bien plus qu'un simple musée. Au-delà des quatre salles de projection, totalisant 642 sièges, le projet accueille une grande salle d'exposition ainsi que de petites cabines permettant de visionner plus de quarante mille films… Un rêve éveillé pour tout cinéphile ! Si le cinéma est à l'honneur, le grand hall et son restaurant ont été conçus comme un vaste espace public, ouvert sur la ville.
L'approche
À Amsterdam, c'est bien connu, on peut aller partout en vélo, mais aussi en bateau. Le EYE Film Institute ne fait pas exception ! Un petit ferry vous emmène de la gare centrale au EYE, l'occasion de prendre un bon bol d'air frais. Depuis l'eau, le bâtiment intrigue déjà par ses formes dynamiques remarquables. Quand on arrive sur la terre ferme, une courte promenade, longeant la rivière, mène à l'entrée du bâtiment. L'occasion de se retrouver nez à nez avec la fameuse tour Shell, représentant le quartier nord d'Amsterdam. Considéré auparavant comme le mauvais côté de la ville, le Noord, avec son look industriel, a bien changé et commence à devenir en vogue. Le EYE n'est sûrement pas étranger à cet engouement, sa force d'attraction s'exerçant aussi bien sur les touristes que sur les habitants de la capitale néerlandaise.
L'illusionniste
Le EYE prend son inspiration dans la relation entre le cinéma et l'architecture. Selon Elke Meissl et Roman Delugan, il est le résultat de "la superposition de deux disciplines créatives qui se positionnent au centre de la réalité et de la fiction, de l'illusion et de l'expérience réelle". En d'autres termes, le fondement même du bâtiment repose sur la dynamique et le changement de perception – de cadrage, dirait-on au cinéma. Le Film Institute est un objet qui s'apprécie sous toutes ses coutures. Avec ses airs déconstructivistes, l'édifice joue avec notre regard. Maculé de blanc, il se métamorphose, évolue selon les mouvements de celui qui le contemple. Avant même d'y entrer, nous nous prenons au jeu en faisant le tour du bâtiment. Quand on change de point de vue, il devient à peine reconnaissable. Les immenses porte-à-faux impressionnent et lui donnent une présence spectaculaire.
La porte du paradis
Selon le duo d'architectes Delugan-Meissl, "le cinéma, c'est de la lumière et du mouvement", deux éléments qui définissent clairement leur création. La façade, blanche et uniforme, résulte d'une imbrication complexe de petits panneaux. À y regarder de plus près, cet assemblage s'apparenterait presque à de multiples diaphragmes de caméras. La référence était toute trouvée. Structure, toiture… tout est dissimulé sous cet écrin d'aluminium, aux couleurs changeantes, qui brille de mille feux sous le soleil amstellodamois. Vient alors cette image d'"huître grandiose", surnom affectueux donné par les habitants, posée au beau milieu d'un paysage maritime. À l'opposé, la partie inférieure de la façade est totalement transparente. Elle dévoile des espaces plein d'animation. Les silhouettes colorées des visiteurs donnent vie à la façade. De larges marches permettent de s'asseoir à l'extérieur. Ces dernières amènent le visiteur vers l'entrée, située au premier étage. À l'intérieur, nous sommes naturellement guidés vers le cœur du bâtiment, le grand hall. Cet espace s'ouvre totalement sur le paysage.
Photo ci-dessous : au loin, l'immense bâtiment de la gare centrale d'Amsterdam
Intérieurs
Une fois que nous sommes entrés, tout s'offre à nous : l'eau au premier plan, la silhouette de la vieille ville au loin… Ouvert au public une bonne partie de la journée, le hall est comme une place où tous les cheminements convergent. L'imposant escalier sculptural semble faire partie d'un théâtre en plein air qui aurait pour arène le café-restaurant, véritable lieu de détente pour le visiteur. Au plafond, les luminaires d'Olafur Eliasson fascinent tandis que le sol en chêne massif réchauffe l'atmosphère. L'été, une vaste terrasse permet d'étendre l'espace à l'extérieur, de quoi se retrouver littéralement au-dessus de l'eau. En déambulant, malgré quelques espaces résiduels, nous remarquons à quel point l'espace est fluide. Les murs se confondent au plafond sans la moindre symétrie apparente. Sur le chemin, les amoureux de cinéma attendent sagement leur séance pendant que d'autres flânent dans la boutique, remplie de trésors cinématographiques. La nuit, le EYE, éclairé de l'intérieur, est comme un phare pour la ville.
Que l'on soit cinéphile ou non, on se doit de faire escale au EYE Film Institute. Alors que la tendance en architecture est à la modestie et au minimalisme, Amsterdam n'a pas eu peur de choisir une architecture emblématique pour son musée du Cinéma. Si certains y voient un édifice quelque peu prétentieux dans ses formes, personne ne reste insensible devant tant d'audace. Le EYE est d'abord un véritable œil ouvert sur la ville !
Informations pratiques
→ Retrouvez toutes les infos sur le site officiel du EYE.
→ Retrouvez les talentueux Hélène et Julien sur leur blog, leur compte Instagram, etc.
→ Pour vous rendre au EYE, traversez la gare centrale en direction du nord et prenez le petit ferry gratuit "Buiksloterweg". Il traverse l'IJ en 5 minutes et cela, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
→ Sur place, on peut bien sûr voir un film, mais aussi visiter le bâtiment, admirer l'exposition permanente, faire quelques achats dans la boutique (très sympa!), prendre un verre au bar-restaurant et surtout admirer la vue sur l'eau et la ville. Le panorama est très joli, de jour comme de nuit (en nocturne, cela a un petit côté magique).
→ Attention, les paiements (tickets pour l'exposition temporaire, places de cinéma, shopping à la boutique…) ne se font que par carte bancaire !
Cet article a été écrit par Hélène Pinaud et Julien Schwartzmann pour le numéro AMSTERDAM de la revue 7h09 carnet d'ailleurs en vente dans la boutique de 7h09 et chez les revendeurs.
Photos : n°1 Ralph Richter/EYE Film Institute, n°2 et 3 W. Gurak (C.C.), n°4 et 5 EYE Film Institute, n°6 et 7 VNS pour 7h09